Les travailleurs étrangers temporaires en agriculture connaissent mal le système de santé au pays, et une majorité craint de perdre son travail en raison d’un problème de santé. Plusieurs décident aussi de ne pas accéder
à des soins par peur de le demander à leur employeur.
C’est du moins ce qu’ont déclaré les participants à une étude d’une envergure sans précédent sur les déterminants de la santé de ces personnes venues d’ailleurs.
Des mois de collecte de données, six collaborateurs à la recherche dans 13 régions du Québec, 130 questions et 200 répondants originaires de cinq pays, souvent très durs à joindre. C’est tout ce qu’il a fallu à Véronique
Tessier pour effectuer ce projet de recherche auprès de travailleurs agricoles temporaires présents au Québec.
Réalisée dans le cadre de sa maîtrise, dirigée par la professeure Danièle Bélanger à l’Université Laval, l’enquête met la lumière sur des aspects presque non documentés de la vie de ces travailleurs, qui sont de plus en plus
nombreux à rester de plus en plus longtemps.
« Il y a clairement un enjeu de collecte des informations, d’accès à la population vulnérable, ce qui explique que peu d’études se sont faites », note la chercheuse.
Elle en veut pour preuve les obstacles au simple envoi d’un chèque-cadeau de 20 $ pour l’épicerie, promis en échange de la participation, une pratique courante pour ce type de recherche. « Si on l’envoyait par la poste,
plusieurs ne connaissaient même pas leur adresse. On a aussi eu des retours de poste pour plusieurs adresses, ce qui veut dire que [les travailleurs] ne sont tout simplement pas joignables », a-t-elle relevé avec surprise.
« C’est comme s’ils ne sont pas encore des personnes à part entière pour les gouvernements, les municipalités, les institutions et les employeurs », décrit-elle au fil de la conversation.
C’est entre autres grâce à son chapeau de coordonnatrice du bureau de Québec associé au Réseau d’aide aux travailleuses et travailleurs migrants agricoles du Québec qu’elle a eu accès à autant de travailleurs. Mais c’est
dans un rôle scientifique et universitaire qu’elle a entrepris cette tâche considérable, à l’aide du financement du projet PARTEMP.