Les syndicats s’attendent à des changements concernant l’assurance-emploi et la mise en place d’un programme
d'assurance médicaments fédéral, à l’issue de l’élection de lundi qui reporte les libéraux de Justin Trudeau au pouvoir.
«On va demander au Parti libéral du Canada de livrer ses engagements sans délai, a expliqué le secrétaire général de la
FTQ, Denis Bolduc, en entrevue téléphonique avec Les Affaires. Une bonne réforme de l’assurance-emploi, c’est une
accessibilité plus facile et de meilleures prestations. On veut éliminer le trou noir sans chèques pour les travailleurs saisonniers.»
Même son de cloche du côté de la CSN.
«On a vu que la protection des travailleurs autonomes était inexistante durant la pandémie. Il faut que ces travailleurs
soient couverts par l’assurance-emploi», explique la présidente de la CSN, Caroline Senneville, en entrevue.
Pour l’assurance médicaments, les deux grandes centrales syndicales québécoises s’attendent à ce que l’argent
d’Ottawa vienne améliorer celui déjà mis en place au Québec, mais qui dépend trop du privé selon elles.
«On espère un programme universel avec pleine compensation pour le Québec, sans directive et sans condition de la
part d’Ottawa, affirme Denis Bolduc. Mais on veut que le Québec se serve de cet argent pour améliorer son régime
public. Environ 10 % de la population se prive de médicaments parce qu’elle n’est pas capable de payer.»
«C’est un régime à deux vitesses au Québec. C’est très inégalitaire, dit de son côté la dirigeante de la CSN. Les couts
des assurances collectives ont doublé, donc on désire un régime complètement public.»
Caroline Senneville voudrait aussi qu’Ottawa aille de l’avant pour taxer les grands du web, parce qu’ils génèrent
des revenus importants et pour protéger les médias et l’industrie culturelle d’ici.
La CSN et la FTQ ne sont pas réjouies ouvertement de la défaite des conservateurs, mais elles soulignent que les
positions de ces partis étaient souvent aux antipodes des leurs.
«Les gouvernements conservateurs ne sont pas reconnus pour leur penchant pro-travail ni pro-femmes», mentionne
la présidente de la CSN.
Les deux syndicats aimeraient voir des dispositions anti-briseurs de grève être incluses dans le Code canadien du
travail. Ils s’attendent aussi à davantage d’accent sur l’environnement de la part du gouvernement libéral.
Tous ces souhaits dépendront de la collaboration entre les partis puisque Justin Trudeau dirigera encore une fois un
gouvernement minoritaire qui devra s’appuyer sur le NPD et le Bloc québécois qui l’ont critiqué tout au long de
la campagne.
«Les partis d’opposition ne voulaient pas d’autres d’élections, note Denis Bolduc. Mais avec le résultat qu’on
vient d’avoir, ces partis sont obligés de collaborer avec M. Trudeau. Il faut qu’ils s’entendent.»
Pour le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), l’élection, qui ne change pas grand-chose à la composition
du Parlement fédéral, n’a rien réglé.
«Il nous semble de plus en plus clair que l’abandon de la réforme électorale fait mal au pays aujourd’hui», a souligné
Patrick Gloutney, président du SCFP au Québec, par courriel.
Le Parti libéral du Canada avait promis de se pencher sur une modification du mode de scrutin lors de la compagne de
2015, mais il n’y avait pas donné suite.