Le roulement de personnel est une «catastrophe» dans des hôpitaux du Québec, où il est de deux à trois fois trop élevé. Une désorganisation qui entraîne une surcharge de travail et une facture salée pour
le réseau.
«Ce n’est pas un problème, c’est une catastrophe, réagit Jean-Claude Bernatchez, professeur en relations de travail à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Il y a une situation de solitude et de désespoir
présentement.»
«On est désorganisés, comme si on essayait constamment de rénover une maison sur le bord de s’effondrer», illustre Nancy Brassard, professeure agrégée en psychologie du travail à l’École nationale d’administration
publique.
Certains hôpitaux du Québec ont enregistré des taux de roulement de plus de 25%, voire de 30%, en 2022, montrent les données du Journal obtenues grâce à la Loi sur l’accès à l’information. En 2019, les
pires données montraient un roulement d’au plus 15%.
Dans l’Outaouais, qui fait face à une pénurie de personnel majeure, l’hôpital du Pontiac a enregistré un taux de roulement de 26% des infirmières en 2022. À l’Institut de cardiologie et de pneumologie de Québec,
le taux était de 37% chez les préposés aux bénéficiaires.
Pas plus de 10%
Selon ces spécialistes en relations de travail, ce taux ne devrait pas dépasser 10% dans ce contexte postpandémique.
«Si on dépasse ça, il faut se poser de sérieuses questions, dit Mme Brassard. Mais, les hôpitaux ne savent plus par quel bout prendre ça, ils n’ont plus de moyens. Ils sont constamment en gestion de crise.»