«Oui, la question salariale reste importante, mais je ne crois pas que c'est un critère absolu, clame Normand Veillette, agent de développement chez Loisir sport Outaouais. Moi, je pense que
c'est un travail qu'on a mal vendu (auprès des jeunes) au cours des dernières années. Les gens se souviennent de ce qu'ils font au camp de jour, les enfants se souviennent de leurs moniteurs,
mais on ne se souvient pas du serveur chez Mikes. Le meilleur vendeur pour cet emploi, c'est le bouche-à-oreille. Les municipalités doivent profiter de cet effet de levier là avec les animateurs qui
aiment ça, utiliser cette stratégie. On doit être un peu plus agressif pour le vendre. Il faut changer nos façons de faire.»
Ne cachant pas son agacement face au manque de main-d'œuvre, ce dernier juge que cet emploi sous-estimé permet «de créer des jeux, d'y mettre sa propre couleur, de transmettre ses intérêts
à des plus jeunes, «une chose qui vaut de l'or, une notion de plaisir qu'il faut promouvoir».
« C'est un service d'une très grande importance, quasi essentiel je dirais même. »
— Normand Veillette, agent de développement
«C'est une des plus belles jobs d'été, on fait une saine différence et il n'y a pas beaucoup d'emplois qui permettent ça. Ils ont la chance d'y apporter leur expertise, leurs goûts, de créer une programmation.
Il faut davantage vendre (cet emploi) et y mettre de la couleur, mais pas avec uniquement avec du brun ou du bleu foncé. Il faut que les municipalités communiquent un message fort, que ça donne
le goût aux parents d'en parler à leurs ados», ajoute-t-il.
Par le biais d'affiches sous forme de bande dessinée, une campagne de valorisation du métier a d'ailleurs été lancée l'hiver dernier par Loisir sport Outaouais dans l'espoir de mousser le nombre de
candidatures. C'est qu'il n'y a pas que Gatineau qui est confrontée à la réalité de la pénurie, mais aussi la majorité des municipalités avoisinantes de bien plus petite taille, tout particulièrement en milieu
rural, où la réalité est différente et où, tient à rappeler M. Veillette, l'accès à d'autres types camps de jour est très limité voir nul.
«C'est un service d'une très grande importance, quasi essentiel je dirais même. Ç'a vraiment une incidence. Le camp de jour, par exemple pour les gens défavorisés et vulnérables, ça les initie au plaisir,
ça les sort de leur marasme, cette zone tampon estivale là est super importante pour leur donner une pause à ces enfants-là et leur donner le goût d'aimer l'école dans neuf mois à venir. Les municipalités
commencent à comprendre cette importance. C'est significatif aussi le sentiment d'appartenance que ça crée, surtout en zone rurale. Ils peuvent finir par demeurer là, y acheter une maison, etc.», soutient
l'intervenant, rappelant que sans camp, certains parents ne peuvent carrément pas travailler.
Normand Veillette estime que l'un des défis aussi pour réussir à attirer les jeunes est d'offrir de la continuité et de la flexibilité.
«Le jeune qui se trouve un emploi d'été (au camp), est-ce qu'il peut travailler à la maison des jeunes pendant l'année scolaire. La continuité, IGA et le resto la permettent, mais pas le camp de jour.
Également, si un animateur dit: moi, je veux travailler pendant quatre semaines, mais pendant quatre autres (semaines), je pars en Gaspésie avec mes parents: traditionnellement, on disait non, mais on
peut offrir plus de flexibilité. Y-a-t-il moyen de promouvoir que tu n'es pas obligé de faire tes huit semaines? Ça vaut la peine d'essayer», affirme-t-il.
De plus, il précise que l'après camp de jour et l'esprit de famille qui se créé entre collègues peut donner le goût aux jeunes de tenter leur chance.
«Souvent, quand ils ont fini (leur journée de travail), ils peuvent aller sur une terrasse, au cinéma, au resto, etc. C'est un aspect qu'on devrait davantage vendre si on veut attirer les jeunes, ce côté-là doit
être exploité. Ça créé une synergie de groupe. [...] Le camp de jour, c'est du plaisir, pendant et après», lance-t-il.