Lors du mois écoulé, 209 000 emplois ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail, alors que 220 000 étaient attendus par les analystes, selon le consensus publié par Briefing.com.
Les créations d’emplois d’avril et mai ont été révisées à la baisse, respectivement à 217 000 et 306 000 soit, sur les deux mois, 110 000 emplois de moins que ce qui avait été initialement annoncé.
« C’est un pas dans la bonne direction, mais nous ne sommes clairement pas au niveau où nous avons besoin d’être pour démontrer que le marché de l’emploi se détend », a estimé le chef économiste
pour les États-Unis d’Oxford Economics, Oren Klachkin, interrogé par l’AFP.
Les créations d’emplois restent tirées par les administrations publiques, la santé et l’assistance sociale, ainsi que par le bâtiment, a détaillé le département du Travail.
Dans le même temps, le taux de chômage est en légère baisse, passant de 3,7 % en mai à 3,6 % en juin, ce qui était attendu par les analystes et maintient le chômage dans la même fourchette depuis
plus d’un an et demi.
« Le taux de chômage reste sous les 4 % depuis 17 mois, soit la plus longue série depuis les années 60. L’inflation baisse, nous voyons une croissance soutenue et stable. Ce sont les effets des
“Bidenomics” », s’est félicité dans un communiqué le président américain, Joe Biden, en référence aux plans de financement de l’économie lancés depuis le début de son mandat.
Mais, signe du ralentissement en cours dans un marché qui reste toujours particulièrement étroit, la moyenne du nombre d’emplois créés par mois sur les six premiers mois de l’année est nettement moins
élevée que la moyenne observée sur l’ensemble de l’année 2022 (respectivement 278 000 contre 399 000 emplois en moyenne).
Cela reste cependant « un niveau élevé et cela implique plus d’argent dans les poches de consommateurs, alors que ce sont leurs dépenses qui soutiennent jusqu’ici l’économie », a souligné dans un
commentaire Robert Frick, économiste pour Navy Federal Credit Union.
D’autant que dans le même temps, le salaire horaire moyen a continué d’augmenter, de 0,4 % par rapport au mois précédent et 4,4 % sur un an, légèrement au-dessus des attentes du marché, qui
envisageait plutôt 0,3 % de hausse sur un mois.
Hausses des taux quasi certaines
« Les salaires se sont maintenus à un niveau élevé, ce qui peut être inquiétant », alors que les signes d’un ralentissement sont désespérément attendus, a pour sa part signalé dans une note la cheffe
économiste de HFE, Rubeela Farooqi.
Le taux de participation au marché du travail reste, pour sa part, stable, à 62,9 %, pour le quatrième mois de suite.
Jeudi l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab avait annoncé un niveau de créations de postes inattendu dans le secteur privé pour le mois de juin, avec 497 000 emplois, bien au-dessus des prévisions, mais
également de la tendance observée les mois précédents, donnant quelques sueurs froides aux marchés, la Bourse de New York ayant fini dans le rouge.
Jeudi, Wall Street a ouvert légèrement en baisse à la suite des chiffres de l’emploi.
Les investisseurs craignent en effet qu’un marché de l’emploi trop dynamique n’incite la Réserve fédérale (Fed) à augmenter une nouvelle fois ses taux directeurs lors de sa prochaine réunion, fin juillet.
« En l’état, tant que l’inflation ne baisse pas de façon plus marquée et que le marché de l’emploi ne se détend pas, tout pointe vers une position volontariste » de la part de la Fed, a estimé Mme Farooqi.
« Les signaux sont contradictoires », a nuancé Mike Fratantoni, chef économiste pour MBA, « l’activité industrielle reste faible, mais les dépenses des consommateurs se maintiennent. Nous tablons toujours
sur un ralentissement de l’économie au second semestre ».
La Fed s’est lancée depuis mars 2022 dans une politique monétaire plus restrictive afin de réduire l’inflation et la ramener dans sa cible de 2 %, mais l’économie américaine s’est montrée plus solide qu’envisagé
initialement et l’inflation plus persistante qu’espéré.
Si la Fed a marqué une pause lors de sa dernière réunion, mi-juin, son président Jerome Powell a anticipé deux nouvelles hausses de taux d’ici la fin de l’année.
En mai, l’inflation s’est établie à 3,8 % sur un an, selon l’indice PCE publié fin juin, au plus bas depuis mi 2021, mais toujours trop élevée pour la Fed.